« J’avance comme un âne », écrivait un jour le cardinal Roger Etchegaray, ancien archevêque de Marseille, non sans quelque humour, pour parler de sa vie de chrétien, évoquer l’exercice de sa mission, avec ses qualités et ses défauts : humilité, persévérance, mais aussi parfois quelques réticences à avancer.

S’il a été mis à l’honneur par le Seigneur lui-même à l’occasion de son entrée à Jérusalem, notre ami l’âne, ou sa cousine la mule, est aussi au cœur d’un étonnant miracle eucharistique lié à la figure de Saint-Antoine de Padoue (né à Lisbonne en 1195, mort à Padoue en 1231).

La scène se passe à Bourges (ou à Toulouse, ou encore à Rimini, Italie, selon les récits).

S’opposant à la prédication du saint, un homme propose un défi : faire jeûner sa mule pendant trois jours, puis l’amener sur la place de l’église. Mettre dans son champ de vision un appétissant saut d’avoine et voir sa réaction lorsque Antoine présentera, soi-disant, le Seigneur dans l’eucharistie en sortant de l’église.

Une foule de curieux s’est rassemblée ce jour-là. Antoine sort de l’église avec l’ostensoir, la mule est libérée par son maître, et contre toute attente voici qu’au lieu de se précipiter sur le seau d’avoine, celle-ci s’agenouille de ses membres antérieurs, pour vénérer Jésus, son Créateur, présent dans le Saint-Sacrement.

L’histoire raconte que l’homme se laissa convaincre et adhéra dès lors sans réserve à la vérité de ce mystère central de la foi catholique : la présence réelle de Jésus dans l’Eucharistie.

Voici, brièvement relaté, un des nombreux miracles eucharistiques que l’Histoire de l’Église recèle depuis de nombreux siècles. De différentes manières le Seigneur Jésus, pour ainsi dire, « lève le voile » quant à la réalité de sa présence réelle dans ce sacrement de l’Eucharistie, ainsi qu’au sujet du mystère de la transsubstantiation.

« Ceci est mon corps livré pour vous. Ceci est mon sang versé pour vous et pour la multitude en rémission des péchés » dit le Seigneur lors de la Cène, avant d’ajouter : « Faites cela en mémoire de moi. »

Ce que l’Église perpétue à chaque messe permet au Seigneur Jésus de se donner réellement par amour aux siens dans toute la vérité de sa personne.

Ce « sacramentum caritatis », sacrement de l’amour, nous unit véritablement au Christ vivant. Par la, il nourrit et fortifie aussi la communion les uns avec les autres, dans la foi et la charité. Il est également l’énergie de la mission de l’Église, son Corps, au cœur du monde.

Alors, avec persévérance et humilité, mettons sans cesse en œuvre ces dons de foi, d’adoration et d’amour que le Seigneur nous partage, pour que nous puissions en vivre et en témoigner.

P. Antoine d’Eudeville, curé