Il y a des jours où l’on aimerait ne pas avoir de corps. Sans corps, adieu toutes les maladies ou infirmités qui nous font désespérer de nous-mêmes. Sans corps, adieu toutes les tentations qui nous font trop manger, trop boire, trop de ces « tout » qui nous envoient régulièrement au confessionnal. Ah oui, sans corps, comme il serait plus facile de faire la volonté de Dieu, de mettre notre toute notre vie en accord avec notre foi ! Le corps ne serait-il pas finalement un frein à notre sainteté ?
Peut-être pas, en fait. Dans l’Ancien Testament, le Psaume 8 nous met sur la piste : « Qu’est-ce que l’homme […] Seigneur ? Tu l’as voulu un peu moindre qu’un dieu, […] tu mets toute chose à tes pieds. » Comprenons : le psalmiste affirme, que Dieu a voulu que l’homme soit au dessus de toutes les Créatures, même des anges ! Et quand il parle de l’homme, il en parle bien sûr dans son ensemble, en tant qu’il est esprit, âme et corps. Et « corps » implique tout ce qui va avec, c’est-à-dire ce qui est bien et qui semble réussi, tout comme les faiblesses. Ainsi, cela paraît contradictoire, mais les faiblesses du corps font partie de ce qui nous place haut dans la hiérarchie divine. On pourrait avoir un doute, mais la Résurrection et l’Ascension de notre Seigneur Jésus prouvent que le psalmiste était bien inspiré. En effet, Jésus ressuscite dans la chair. La preuve, c’est qu’on a pu le toucher et que ce corps ressuscité était capable de manger. La résurrection, c’est du solide ! Et c’est ce même corps, glorifié bien sûr, qui est monté auprès de son Père. Notre foi nous le dit : Jésus est le prototype de ce qui nous attend.
Ce phénomène extraordinaire nous montre que ce qui est racheté, sauvé et exalté, c’est l’homme dans son entier, et pas seulement son esprit. Donc nos corps, malgré toutes les tares qu’ils peuvent avoir et tous les péchés qu’ils peuvent nous faire commettre ne sont en réalité pas des freins à la sainteté, mais au contraire, des moyens d’atteindre le ciel.
En cette fête de l’Ascension, nous avons donc une belle grâce à demander : celle de nous faire apprivoiser nos corps. Non pas en en faisant un objet dont on disposerait à sa guise, ce serait le rabaisser, mais en le considérant comme moyen de salut que Dieu donne aux hommes.
Père Sébastien Sorgues