Purifié par le Christ et ami de Dieu

Les prescriptions imposées aux lépreux du temps des Hébreux nous paraissent rudes aujourd’hui : quand on avait le malheur d’être atteint par cette horrible maladie, on était mis à l’écart hors du camp pour impureté et cette exclusion ajoutait évidemment une souffrance supplémentaire. Cette rudesse s’imposait car la lèpre est une maladie éminemment contagieuse que personne ne savait encore soigner à l’époque, La sagesse imposait donc la prudence pour préserver le reste de la population.

On a là une preuve de la hiérarchie des priorités qui avait cours en Israël : le bien-être de l’individu doit céder le pas devant l’intérêt collectif. Certes à l’époque on pensait – selon une logique de rétribution – que la maladie est toujours la conséquence d’un péché. On révérait le Dieu juste mais on avait une conception arithmétique de sa justice : les hommes bons sont récompensés à proportion de leurs mérites et les méchants sont punis selon une juste évaluation de leurs péchés. Devant une personne malade, on déduisait automatiquement qu’elle avait péché. Outre le risque de contagion sanitaire, il y avait là une autre contagion à prévenir. C’est pour cela que le lépreux devait s’adresser au prêtre pour déclarer sa maladie comme sa guérison.

Au début de son ministère, la guérison miraculeuse du lépreux par Jésus ouvre le premier épisode de son long combat contre toutes les exclusions. Désormais, personne ne peut être déclaré impur et exclu au nom de Dieu. La Nouvelle Alliance instaurée par le Christ dans lequel « les lépreux sont purifiés » est vraiment une « Bonne Nouvelle » pour les pauvres : non seulement les malades et autres lépreux sont guéris, mais ils sont « purifiés » au sens de « amis de Dieu ».

Avec les progrès de la médecine moderne, la menace sanitaire est moindre de nos jours mais le péché de l’homme demeure.  Comme la maladie, le péché a une portée personnelle mais aussi communautaire. Il pourrait se propager par contagion à toute la collectivité. Au nom de l’amour de Dieu et du prochain, reconnaissons que nous avons tous autant besoin de la grâce divine pour être guéris et purifiés de nos infirmités.

Avec le Carême qui approche, prenons Saint Paul pour modèle de guérison, lui qui nous montre la voie en prenant le Christ pour modèle. Il nous exhorte à tout faire pour la gloire de Dieu en « nous adaptant à tout le monde en toutes circonstances, sans chercher notre intérêt personnel, mais celui de la multitude des hommes pour qu’ils soient sauvés ».

Jalil Berrada, diacre