Entre les questions de bioéthique en France, la dissolution de notre assemblée nationale et les élections américaines, il est beaucoup question de politique depuis de nombreux mois et le sentiment général est à la crispation : les idées se tendent, se figent, on ne se comprend plus et les catholiques s’interrogent : « que fait l’Église ? »
Saint Paul, dans une lettre à son fils spirituel Tite nous donne un éclaircissement sur la difficulté de la position de l’Église dans le débat politique : « Bien-aimé, rappelle à tous qu’ils doivent être soumis aux gouvernants et aux autorités, qu’ils doivent leur obéir et être prêts à faire tout ce qui est bien. »
Ce conseil paulinien nous demande de tenir deux pôles en même temps : le premier pôle est celui de la soumission au pouvoir politique quel qu’il soit. Saint Paul nous demande même d’être bienveillants, et doux à l’égard de tous, surtout à l’égard de ceux qui ne pensent pas comme nous ajoute Jésus. Le second pôle est la visée du bien. Le chrétien doit toujours agir selon les valeurs de l’Évangile, en aimant Dieu et son prochain ; cela se traduit par exemple en défendant la dignité de la personne humaine de la conception à la mort.
Tout le problème arrive lorsque l’autorité politique agit contre ce que notre foi affirme être le bien. Comment tenir les deux pôles en même temps ? C’est là que la diversité du monde catholique est source d’incompréhension. En effet, il y a les tenants du premier pôle : on reste soumis au politique tout en appliquant dans son particulier, les préceptes de l’Évangile. Ceux-là sont taxés d’immobilistes par les uns. À l’opposé, il y a les tenants du second pôle qui s’opposent ouvertement aux gouvernants en affirmant que ce que l’Évangile appelle le bien est bien pour tout le monde. Ils manifestent à coups de slogans inaudibles aux non-initiés. Ceux là sont taxés de fascistes par les autres. Et puis il y a toutes les positions intermédiaires.
La difficulté est qu’aucune des deux positions extrêmes n’étant totalement fausse, les positions intermédiaires qui tentent d’être raisonnables le sont donc encore moins. Finalement, l’Église rend compte d’une diversité d’opinions justes qui rend peut claire l’attitude générale à adopter et déroute un grand nombre de fidèles. C’est sans solution simple, mais il y a un principe d’unité : avant de juger les uns ou les autres, posons bien les problèmes !
Père Sébastien Sorgues